L’eau du robinet contaminée n’est pas un problème propre au Michigan. Selon une nouvelle étude qui a analysé des données compilées entre 1982 et 2016, entre 12 et 42 millions d’Américains ont obtenu leur eau potable d’une source qui contrevenait au Safe Water Drinking Act. Les personnes les plus exposées sont celles qui vivent dans des régions rurales à faible revenu.

Eau potable : les Etats-Unis n’y arrivent pas

L’eau potable qui circule dans les robinets américains et de très bonne qualité… en théorie. Dans la réalité, les problèmes d’eau potable surgissent chaque année, et dans certaines municipalités, la mauvaise qualité est devenue une norme depuis au moins une décennie. Les contaminants présents dans l’eau peuvent causer la grippe intestinale ou des maladies plus chroniques, y compris divers cancers et troubles neurologiques. Dans la ville de Flint et ses alentours, l’eau est un sujet qui revient quasiment au quotidien. Depuis plus de trois décennies, l’Agence de Protection de l’Environnement compile des informations sur les violations de la qualité de l’eau dans tout le pays, mais personne n’a publié d’évaluation nationale portant sur les tendances à long terme de ces données.

Un groupe d’étudiants s’est donc chargé de réaliser ce travail inédit pour examiner le nombre d’infractions à la qualité de l’eau liées à la santé sur une période de 30 ans. Certaines concernaient des concentrations élevées de plomb, le problème de Flint, mais l’ensemble de données comprenait également des infractions pour les bactéries coliformes, qui est un groupe de microbes facile à détecter et qui sert d’indicateur de la contamination bactérienne dans les nitrates généraux, l’arsenic et d’autres contaminants. Les chercheurs ont combiné ces données avec celles du recensement américain, comme la densité de logements et le revenu moyen des ménages, pour déterminer quelles collectivités étaient les plus vulnérables.

Près de 22 millions d’Américains exposés

Les chercheurs ont constaté que pendant la crise de l’eau de Flint, près de 22 millions d’Américains, soit environ 7% de la population, s’approvisionnaient en eau dans des systèmes qui violaient les normes sanitaires. Et avec le recul, le nombre d’infractions a généralement augmenté de 1980 à 2018, augmentant au cours des années suivant l’ajout d’un nouveau règlement. Par exemple, après l’adoption d’une règle sur les bactéries coliformes en 1991, le nombre d’infractions a doublé en cinq ans. De tels pics ne signifient pas que l’eau s’est soudainement détériorée, mais simplement que les niveaux de contaminants qui étaient auparavant acceptés étaient maintenant considérés comme trop élevés.

Au bas du peloton se trouvaient l’Oklahoma, l’Idaho, Washington et le Nebraska. Dans ces trois derniers cas, plus d’un tiers des réseaux d’alimentation en eau ont connu des infractions pendant plusieurs années consécutives. Et lorsque les chercheurs se sont penchés sur les comtés les plus vulnérables, ils ont constaté que les comtés ruraux à faible revenu étaient les plus durement touchés, surtout en Oklahoma et dans certaines régions du Texas et de l’Idaho. Les petits réseaux d’aqueduc n’ont pas les moyens de se payer la technologie de traitement la plus performante. Parfois ils n’ont même pas les moyens d’avoir un opérateur à temps plein.